Jacques-Alain Miller Paris, le 30 mai 2017 L’outrecuidance coupe le souffle. Le Parti démocrate italien (PD) n’a pas hésité à baptiser Scuola Pier Paulo Pasolini sa nouvelle Ecole de formation, ouverte jeudi dernier à Milan. Ce que s’approprie sans vergogne ce parti politique, c’est le nom d’un écrivain et artiste indépendant, rebelle, rétif à tous les embrigadements, et qui n’a pas hésité à la fin de son parcours trop tôt interrompu à se placer sous l’égide de l’hérésie. J’ai été témoin samedi à Turin de l’émotion du milieu lacanien, 450 personnes réunies pour le Congrès de la Scuola lacaniana di Psicoanalisi (SLP). Ma proposition d’une pétition internationale rédigée par Marco Focchi a été approuvée par acclamation. Il n’y a chez nous aucune hostilité de principe à l’endroit du parti démocrate. Entre Grillo et la droite, nombre de mes amis italiens, Focchi lui-même, m’ont dit choisir Matteo Renzi. Il y a seulement que la « République des Lettres » aspire à renaître, qu’elle remue dans la matrice et entend se faire respecter en la personne de l’un des siens, le plus bel exemplaire que l’Europe ait connu depuis longtemps du « poète maudit » ou plutôt de l’artiste hérétique (1). Avec la pétition Pasolini la République des Lettres du XXIe siècle manifeste sa volonté naissante et d’abord sa volonté de naître. Je suis persuadé en effet qu’une telle République existe virtuellement, et qu’il n’est que de l’actualiser. République de dimension mondiale, indépendante des pouvoirs politico-médiatiques et capable à l’occasion de leur faire honte. Le moment est idéal (2) pour tester cette hypothèse. En France, que je sache, nulle République des Lettres, une poussière de Principautés. Leur rivalité ne les conduit pas à polémiquer, ce qui mettrait de la gaité dans l’air : elles s’ignorent, elles se snobent. L’Armure princière ne dialogue pas. Elle répond aux médias quand ceux-ci daignent s’intéresser à elle. Car les médias ont remplacé la République des Lettres par une Dictature sur les Lettres. Néanmoins, les Principautés font objectivement partie, qu’elles le sachent ou pas, du même système (« champ culturel » de Bourdieu) et certaines convergent parfois avec d’autres pour la défense ou la promotion de certaines causes. Alliances de circonstances, toujours révisables. Nous allons voir ce qu’il en est à propos de Pasolini. Qui est libre par rapport aux partis politiques ? Qui ne l’est pas ? Qui s’éclaire à sa « lumière intérieure » ? Qui commence par l’éteindre ? Cela dit, la scène nationale apparaît bien étriquée quand la technologie de la communication nous rend le lointain toujours plus accessible, sinon plus proche. Car la proximité des cœurs est une autre affaire. Toujours est-il qu’une dynamique est en cours qui ne s'arrêtera pas, et qui tend à la mondialisation des échanges intellectuels. Je travaille pour que la France soit son creuset. Car sans la France, sans les écrivains, les artistes, les universitaires, les psychanalystes français, la nouvelle République ne prendra pas forme. C’est un fait, c’est ainsi. Cette ambition est conforme à notre génie national. Voir notamment, de Marc Fumaroli, Quand l’Europe parlait français, Ed. de Fallois, 2001, et son livre récent chez Gallimard, La République des Lettres, 2015 (3). Les racines de la Respublica litteraria plongent dans l’Antiquité gréco-romaine ; l’ère d’Erasme n’a rien perdu de son éclat ; et le prestige des littéraires est encore rehaussé par les travaux des meilleurs humanistes à chaque époque. On en oublie les petites Républiques qu’au début du Grand Siècle formaient partout en Europe ceux que remuait un désir inédit appelé à remanier le monde : le désir scientifique. Ces sociétés furent à l’origine des Académies des sciences : je pense à l’Academia Parisiensis du père Mersenne, dont la correspondance n’est pas moins prodigieuse que celle de Nicolas Peiresc ; à Robert Boyle, qui genuit la Royal Society à partir de son Invisible College ; et d’abord à l’italienne Accademia dei Lincei, la plus ancienne des académies scientifiques européennes (4). Le discours de la science prenant son essor s’apprêtait à essorer (pardon !) le malheureux Etat libre des lettrés, son usage inédit de la lettre surclassant l’antique. Le nouveau discours réussira en effet à séduire un maître que jadis vampaient les rhéteurs, poètes et littérateurs d’un « âge de l’éloquence » déjà régnant dans l’Athènes de Périclès. Tout humaniste en porte encore le deuil. Alors commença la science sans conscience et la ruine de l’âme qu’évoque Rabelais. Il fallait ça pour que Freud vienne, découvre l’inconscient et invente la psychanalyse. Ce qui a ruiné la République des Lettres de nos pères, basée sur le savoir textuel, c’est le discours de la science. C’est pourquoi la nôtre de République devra inclure, sinon les Sciences, du moins l’épistémologie, l’histoire des sciences et l’analyse de la structure de leur discours, avec ses impasses constitutives (tout discours a ses impasses). Il n’est que de lire les écrits où les scientifiques confessent leur sentiment de la vie, leurs affres devant l’immensité des pouvoirs dont ils sont le vecteur souvent acéphale pour être saisi par l’opacité que leur oppose leur désir de savant, par l’angoisse que cette opacité suscite, par les divertissements pascaliens qu’ils multiplient pour leurrer cette angoisse. Les mathématiques ne font pas exception. Du magnifique naufrage de Grothendieck englouti dans les milliers de pages de ses « gribouillis » au gay sçavoir où Cédric Villani retrouve le sens de ce qu’il invente hors sens, tout un champ se déploie devant nous qui attend ses interprètes. Et on aperçoit en un éclair pourquoi ce n’est que du discours de l’analyste que pouvait surgir la notion d’une nouvelle République des Lettres incluant le discours de la science. Cela tient à ce qu’est l’instance de la lettre dans la psychanalyse, et qui n’est ni la lettre des lettrés ni la lettre de ceux qui chiffrent : elle permet de les penser ensemble. On comprend aussi par là pourquoi l’Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne 1450-1950 dirigée par Marc Fumaroli (PUF, 1999) devait s’abstenir de mentionner l’écrit de Lacan, « L’instance de la lettre, ou la raison depuis Freud », alors que l’importance historique de ce texte était avérée, qui lança dans le monde entier l’usage du couple « métaphore et métonymie » de Jakobson. Ne fût-ce qu’au titre ravalé de phénomène de mode, de société, il avait sa place marquée dans le dernier chapitre, « La réhabilitation de la rhétorique au XXe siècle », confié à l’acribie d’Antoine Compagnon. Pour que le prince des érudits de notre temps et son héritier au Collège de France se soient dispensés en l’honneur de Lacan de cette exigence d’exhaustivité qui fait l’honneur du discours universitaire, il faut supposer des motifs bien puissants. Je les crois de structure, car je ne vois chez nos deux érudits aucune animosité envers la personne des analystes. Je n’en veux pour preuve que la confidence charmante que me fit spontanément Marc Fumaroli la seule fois où j’eus l’avantage de parler au Maître dans une rencontre de hasard. Oui, j’étais là, me dit-il, au séminaire de Lacan, en janvier 1964, quand vous l’avez interpellé un peu vivement à la surprise générale. Le jeune Marc furtif chez Lacan ? Qui l’eût dit ? Cependant, aux dires de Di Ciaccia, le jeune Angelo, depuis cardinal Scola et patriarche de Venise puis Milan, était un peu dans le même cas : il visita Lacan rue de Lille. Qui l’eût cru ? Enfin, il faut jeter les dés. Je ne vais pas conclure sur une pirouette. Je veux ma République des Lettres. Pourquoi attendre ? Les générations d’analystes qui m’entourent, en Europe, en Amérique latine, sont tellement plus brillantes et cultivées, que les quelques malheureux qui souffraient sous Lacan toujours plus méprisant et rageur. On me dira que l’ambition est belle, mais est-ce « jouable » ? Je réponds que oui. Le monde latin, en Europe comme en Amérique, attend toujours quelque chose des Français, et en tous les cas autre chose que nos gémissements sur la dureté des temps, notre nostalgie d’on ne sait quel âge d’or et nos querelles de boutique. Ils attendent notre résurrection et celle des Lumières au XXIe siècle. Que ledit monde latin admette encore notre leadership (sic) en la matière : quelle chance ! Et les meilleurs des universitaires érudits de langue anglaise sont nécessairement enracinés dans les savoirs de la vieille Europe. La République des Lettres ! Cette nymphe, je la veux perpétuer. Il faut que je lui fasse tout de suite un enfant. Ce seront des Conversations (encore Fumaroli !). Je dis : les Conversations du Jardin du Luxembourg. Elles se tiendront au 1, avenue de l’Observatoire, autour d’une lourde table carrée en bois massif, dans une pièce jouant les rotondes. Pour que tout soit parfait, dans l’idéal, la première de ces Conversations, ce serait quelques heures avec vous, cher Marc Fumaroli. Sollers viendrait sûrement. Antoine Compagnon, avec qui je m’entendais si bien jadis, autour de Barthes, à Cerisy, serait là. Blandine Kriegel m’a déjà assuré cet après-midi que le projet l’enchante. On me dit que vous ne manquez aucun Corneille de Brigitte Jaques. Brigitte serait là avec son mari Gérard et son ami, le mien aussi, François, Regnault de son nom. On inviterait un ou deux ou trois historiens des sciences, des chercheurs du Collège, des jeunes psychanalystes, et pour le liant, j’ai une romancière souriante qui débute, aussi actrice confirmée, ma voisine, Aure Atika. Réécrit, cela donnerait un petit livre charmant et plein de choses, très français, qui ferait des émules autour du monde. Comme dirait Marlon Brando, est-ce une offre que vous pouvez refuser, cher Marc Fumaroli ? Avec mes sentiments respectueux et en témoignage d’admiration, JAM Notes
Illustration : Le Cabinet de travail d’Erasme L’auteur des Ecrits corsaires a traversé la culture italienne comme un boucanier. Jamais, il ne s’est placé sous un drapeau. Il a rassemblé ses interventions « scandalisées » à propos de l’actualité saisie ponctuellement sur le vif, analysant les fragments de vie qui se présentaient à ses yeux. Il a su voir, dans le referendum sur le divorce du 12 mai 1974, certes la défaite du Vatican, mais aussi celle du Parti communiste qui lui a paru quelque peu surpris par une victoire qu’il n’avait pas prévue. A ses yeux donc, les « deux Eglises » italiennes du moment ont alors perdu. Tandis que gagnaient le respect de la personne, le sentiment de liberté, la non-violence morale, soit la « totale, absolue et impérative absence de tout moralisme ». L’auteur des Lettres luthériennes a réuni ses derniers écrits, précédant de peu sa mort, dans la lignée du grand hérétique d’Eisleben, celui qui, en Occident, a ouvert la voie au déclin des deux plus grandes autorités de son temps : le Pape et l’Empereur. L’hérétique, c’est l’homme qui choisit. S’adressant au destinataire idéal de ce recueil, Pasolini écrit dans ses premières pages : « De même que je t’ai choisi, tu m’as donc choisi […] Si tu n’es pas un miracle, tu es une exception, ça oui, c’est vrai […] Mais que pouvais-je trouver de mieux pour rendre mon texte au moins littéralement exceptionnel ? » L’auteur de Les Ragazzi et d’Une Vie violente, le metteur en scène d’Accattone, a su décrire des couches d’humanité à la marge des classes sociales : des hommes, des femmes, des enfants qu’il avait réellement connus dans l’expérience de sa vie. La société italienne, prise dans le creuset de ce que Pasolini appelle la « mutation anthropologique », les oubliait ou du moins s’efforçait de ne pas les regarder parce qu’ils n’entraient pas dans les catégories sociologiques où le Pouvoir savait les reconnaître. Nous demandons instamment que Pier Paolo Pasolini, l’intellectuel sûrement le plus libre de notre histoire récente, soit respecté pour ce qu’il a été et demeure dans ses écrits. A l’époque où, en Italie, les hommes politiques de qualités étaient définis par des « chevaux de race », Pasolini a été un « maverick », du nom donné dans l’Ouest à ces chevaux sauvages qui ne portaient la marque d’aucun propriétaire. Nous refusons que Pasolini soit profané ou réduit à être « l’intellectuel organique ». Nous refusons qu’une quelconque Eglise politique se l’approprie en lui apposant le label d’un parti, comme on tente de faire actuellement lorsqu’on baptise de son nom l’Ecole de formation politique du Parti Démocrate. -- Trad. Francesca Biagi-Chai Rédaction : MARCO FOCCHI Le texte de cette pétition est placé sur le site www.change.org/p/petizione-pasoliniChange.org sous le nom : PETIZIONE PASOLINI. Les signatures y sont recueillies. Ici. BERNARD-HENRI LEVY JACQUES-ALAIN MILLER PHILIPPE SOLLERS ALEXANDRE ADLER AURE ATIKA HERVE CASTANET ALAIN GROSRICHARD GERARD MILLER JEAN-CLAUDE MILNER YANN MOIX ANNA MOUGLALIS FRANÇOIS REGNAULT GROUPE PROMOTEUR Christiane Alberti (Toulouse), présidente de l’Ecole de la Cause freudienne Miquel Bassols (Barcelone) président de l’Association mondiale de Psychanalyse Enric Berenguer (Barcelone), président de l’Escuela lacaniana de Psychonalysis Paola Bolgiani (Turin), présidente de la Scuola lacaniana de Psicoanalisi Guy Briole (Paris et Barcelone) Raquel Cors Ulloa (Santiago du Chile), Secrétaire de la Nueva Escuela lacaniana Domenico Cosenza (Milan) Antonio Di Ciaccia (Rome) Paola Francesconi (Bologne) Lilia Mahjoub (Paris), présidente de la New Lacanian School Rosa-Elena Manzetti (Turin) Jean-Daniel Matet (Paris), président de l’EuroFédération de psychanalyse Maurizio Mazzotti (Bologne) Celine Menghi (Rome) Oscar Ventura (Alicante) S’associent au Groupe promoteur en tant qu’éditeurs : Josefina Ayerza, directrice de la revue Lacanian Ink, New York Francesca Biagi-Chai, traductrice de la pétition, auteur Maria de França, rédactrice en chef de La Règle du jeu, Paris Carole Dewambrechies-La Sagna, présidente des éditions Le Champ freudien, Paris Alejandra Glaze, directrice de Gramma, Buenos Aires Claudia Gonzalez, directrice de la revue Freudiana, Barcelone, auteur d’une thèse sur Pasolini Angelina Harari, rédactrice en chef de la revue Opçao lacaniana, Sao Paulo Anaëlle Lebovits-Quenehen, directrice de la revue Le Diable probablement, Paris Eve Miller-Rose, directrice de Navarin éditeur, Paris Vicente Palomera, directeur de collection chez Gredos, Barcelone Daniel Roy, rédacteur en chef de Lacan Quotidien, Paris Silvia Tendlarz, directrice des éditions Diva, Buenos Aires la movida Zadig zero abjection democratic international group 1, avenue de l’Observatoire 75006 Paris France [email protected] ***** ILLUSTRATION : La seconda morte di un poeta Paz Corona a réalisé hier, lundi 29 mai 2017, ce portrait de Pasolini à l’appui de la pétition internationale lancée par la Scuola lacaniana de Psicoanalisi avec le soutien de la movida Zadig Firma la petición El autor de los Escritos corsarios atravesó la cultura italiana como un bucanero. No se situó nunca bajo bandera alguna y reunió sus intervenciones “escandalizadas” sobre la actualidad de modo fragmentario, analizando las secuencias de vida que se sucedían cada vez ante su mirada. En el momento de la victoria del referéndum sobre el divorcio del 12 de Mayo de 1974 supo ver la derrota del Vaticano, pero también la del Partido Comunista que le pareció sorprendido por una victoria por la que no había apostado. Perdieron entonces, según su punto de vista, las “dos Iglesias” italianas de ese momento, y venció el respeto por la persona, el sentimiento de la libertad, la no violencia moral, es decir, la “total, absoluta, inderogable falta de todo moralismo”. El autor de las Cartas luteranas recogió sus últimos escritos publicados, poco antes de su muerte, poniéndolos bajo la enseña del Gran herético de Eisleben, el hombre que abrió en Occidente la vía al colapso del principio de autoridad y que se encontró sosteniendo el valor de la propia palabra en contra de las dos máximas autoridades de su tiempo: el Papa y el Emperador. El Herético es el hombre de la Elección y, en las primeras páginas, dirigiéndose al destinatario ideal de su libro, Pasolini escribe: “Así como yo te he escogido tú me has escogido […] Si no eres un milagro eres una excepción […] ¿Qué otra cosa mejor podía encontrar para convertir mi texto en excepcional?” El autor de Chavales del arroyo y de Una vida violenta, el director de Accattone, supo describir estratos de humanidad en los márgenes de cada clase, hombres, mujeres y niños conocidos directamente en su experiencia de vida. La sociedad italiana, apresada en el crisol de aquello que Pasolini llamó “mutación antropológica”, estaba olvidándose de ellos, o se esforzaba para no mirarlos, porque no eran encuadrables en las categorías sociológicas reconocibles por el Poder. Pedimos con firmeza que Pier Paolo Pasolini, uno de los intelectuales más libres de nuestra historia reciente, sea respetado como el que fue. En la época en la que, en Italia, los políticos considerados de calidad eran definidos como “caballos de raza” Pasolini fue un “maverick”, como eran llamados en el Oeste aquellos caballos salvajes que no llevaban la marca de ningún propietario. Queremos que Pasolini no sea profanado ni reducido a un “intelectual orgánico”. Queremos que ninguna Iglesia política se apropie de él poniéndole la marca de un partido, como se está intentado hacer ahora cuando se bautiza con su nombre la escuela de formación política del Partido Demócrata.-- Trad. Miquel Bassols Firma la petición Sign the petition
The author of the Scritti Corsari cut through Italian culture like a buccaneer. He never sailed under a flag. He gathered together his "scandalized" interventions on current affairs in a spontaneous way, analyzing small sequences of life that were happening before his eyes. For him, the result of the referendum on divorce of May 13, 1974, was a defeat, not only for the Vatican, but also for the Communist Party, which seemed to him somewhat surprised by a victory it had not foreseen. In his eyes then, the two Italian “Churches” of the time lost, while respect for the person won, along with the sense of freedom, and moral non-violence – namely, the “total, absolute, and imperative lack of any form of moralism”. The author of Lutheran Letters, collected his last published writings together shortly before his death, placing them under the banner of the great heretic of Eisleben, the man who opened the way to the decline of the principle of authority in the west and this by upholding the value of his own speech against the two main authorities of his time: the Church and the Emperor. The heretic is the man who chooses, and in the first pages of his book, addressing the ideal reader, Pasolini writes: “Just as I chose you, you chose me… If you are not a miracle, then you are an exception. Yes, it is true… What could I find better to make my text at least literally exceptional?” The author of The Street Kids, A Violent Life, and the director of Accattone, was able to describe various strata of humanity on the margins of the social classes: men, women and children whom he had really known in the course of his life. Italian society, caught up in what Pasolini refers to as an “anthropological mutation”, forgot about them, or at least tried not to look at them because they could not be placed in the sociological categories that would have allowed them to be recognized by the authorities. We firmly demand that Pier Paolo Pasolini, who was surely the freest intellectual of our recent history, be respected for what he was and continues to be in his writings. At the time when high-ranking politicians in Italy were qualified as “race horses”, Pasolini was a “Maverick”, the name given in the West to wild horses that do not bear the mark of any owner. We refuse to allow Pasolini to be debased or reduced to being “the organic intellectual”. We refuse to allow any political Church to appropriate him by marking him with the label of a political party, which is what the Democratic Party, the Partito Democratico, are currently trying to do by naming a school of political formation after him. --Trans. Philip Dravers Sign the petition Assine a petição
O autor dos Escritos Corsários atravessou a cultura italiana como um bucaneiro (pirata). Nunca se submeteu a qualquer bandeira e reuniu suas intervenções “escandalizadas” sobre a atualidade de modo fragmentário, analisando as sequências de vida que se apresentavam a cada vez diante de seus olhos. Soube ver, na vitória do referendo sobre o divórcio de 12 de maio de 1974, a derrota do Vaticano, mas também a do Partido Comunista, que lhe pareceu surpreendido por uma vitória que não havia previsto. Perderam, então, em seu ponto de vista, “as duas Igrejas” italianas daquele momento e venceram o respeito pela pessoa, o sentimento de liberdade, a não violência moral, ou seja, a “total, absoluta e categórica ausência de todo moralismo”. O autor das Cartas Luteranas reuniu seus últimos escritos publicados, pouco antes de sua morte, colocando-os sob a insígnia do Grande Herético de Eisleben, o homem que abriu no Ocidente o caminho para o declínio do princípio de autoridade e que teve de sustentar o valor da própria palavra contra as duas maiores autoridades da época: o Papa e o Imperador. O herético é o homem da Escolha e, nas primeiras páginas, dirigindo-se ao destinatário ideal de seu livro, Pasolini escreve: “Assim como eu te escolhi, tu me escolheste [...] Se não és um milagre, és uma exceção [...] Mas, o que de melhor eu poderia encontrar para tornar meu texto excepcional?” O autor de Meninos da Vida e de “Una vita violenta”, o diretor de Accattone – Desajuste social, soube descrever extratos da humanidade às margens de cada classe, homens, mulheres e meninos conhecidos diretamente em suas experiências de vida. A sociedade italiana, aprisionada no cadinho do que Pasolini chamou “mutação antropológica”, estava se esquecendo deles, ou se esforçava para não os olhar, pois não eram enquadráveis nas categorias sociológicas reconhecíveis pelo Poder. Pedimos com veemência que Pier Paolo Pasolini, um dos intelectuais mais livres de nossa história recente, seja respeitado pelo que foi. Na época em que na Itália os políticos considerados de qualidade eram definidos como “cavalos de raça”, Pasolini foi um “maverick”, como no Oeste eram chamados aqueles cavalos selvagens que não tinham a marca de nenhum proprietário. Queremos que Pasolini não seja profanado nem reduzido a ser um “intelectual orgânico”. Queremos que nenhuma Igreja política se aproprie dele, colocando-lhe a marca de um partido, como se está tentando fazer agora quando se batiza com seu nome a escola de formação política do Partido Democrático. — Trad. Maria do Carmo Dias Batista A abertura desta petição, proposta por Jacques-Alain Miller, foi aprovada por aclamação na Assembleia Geral da SLP, Scuola lacaniana di Psicoanalisi, reunida em Turim no sábado, 27 de maio de 2017. Foi redigida por Marco Focchi, de Milão. Concepção e redação: Marco Focchi (Milão) e Jacques-Alain Miller (Paris) Assine a petição L’autore degli Scritti corsari ha traversato la cultura italiana come un bucaniere. Non si è mai posto sotto nessuna bandiera, e ha raccolto i suoi interventi “scandalizzati” sull’attualità in modo frammentario, analizzando gli spezzoni di vita che gli cadevano man mano sotto gli occhi. Nella vittoria del referendum sul divorzio del 12 maggio 1974 ha saputo vedere la sconfitta del Vaticano, ma anche del Partito Comunista, che gli è apparso come sorpreso di una vittoria sulla quale non aveva puntato. Hanno perso quindi, ai suoi occhi, le “due Chiese” italiane di allora, e hanno vinto il rispetto della persona, il sentimento della libertà, la non-violenza morale, ossia la “totale, assoluta, inderogabile mancanza di ogni moralismo”.
L’autore delle Lettere luterane ha raccolto i suoi ultimi scritti pubblicati, di poco precedenti alla sua morte, mettendoli sotto l’insegna del Grande eretico di Eisleben, l’uomo che ha aperto in Occidente la via al crollo del principio di autorità, e che si è trovato a sostenere il valore della propria parola contro le due massime autorità del tempo: il Papa e l’Imperatore. L’Eretico è l’uomo della Scelta e, nelle prime pagine, rivolgendosi all’ideale destinatario del suo libro, Pasolini scrive: “Come io ti ho scelto tu mi hai scelto […] Se non sei un miracolo sei un’eccezione […] Cosa potevo trovare di meglio per rendere eccezionale il mio testo?” L’autore di Ragazzi di vita e di Una vita violenta, il regista di Accattone, ha saputo descrivere strati di umanità ai margini di ogni classe, uomini, donne e ragazzi direttamente conosciuti nelle sue esperienze di vita. La società italiana, presa nel crogiuolo di quella che Pasolini chiamò “mutazione antropologica”, si stava dimenticando di loro, o si sforzava di non guardarli, perché non erano inquadrabili nelle categoria sociologiche riconoscibili dal Potere. Chiediamo con forza che Pier Paolo Pasolini, uno degli intellettuali più liberi della nostra storia recente, venga rispettato per quel che è stato. Nell’epoca in cui in Italia i politici considerati di qualità venivano definiti “cavalli di razza” Pasolini è stato un “maverick”, come nel West venivano chiamati quei cavalli selvaggi che non portavano il marchio di nessun proprietario. Vogliamo che Pasolini non venga profanato né ridotto a “intellettuale organico”. Vogliamo che nessuna Chiesa politica se ne appropri apponendogli il marchio di un partito, come si sta tentando di fare ora quando si battezza con il suo nome la scuola di formazione politica del Partito Democratico. <<< Firma la petizione >>> |
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